Arrosage ou irrigation : conception du réseau, détermination des caractéristiques de la pompe.


 

 

La conception d'une installation d'irrigation est toujours délicate, elle suppose un bon équilibrage des branches du réseau afin qu'une pression donnée en tête de réseau fournisse les débits souhaités dans chacune des branches. Le problème à résoudre (équilibrage des branches d'un réseau) peut se résumer ainsi :

1. définir les besoins (débit) de chacune des branches du réseau
2. calcul de la pression en tête de chacune des branches (pertes de charge selon le diamètre des canalisations et dénivelé éventuel)
3. Pression de tête du réseau = plus forte des pressions des branches
4. Reprise du calcul de chaque branche à partir de la pression de tête, détermination définitive des diamètres, vannes, etc ... et calcul du débit définitif par branche d'où les caractéristiques de tête de réseau en pression et débit total
5. Calcul des pertes de charges dans la canalisation principale en fonction du diamètre, on obtient ainsi une pression totale (pression tête de réseau + pertes + dénivelé éventuel) pour un débit total donné.
Ces deux paramètres imposent la pompe (point de fonctionnement).

Exemple :
Réseau de trois voies d'irrigation goutte à goutte, chaque voie comprendra 80 goutteurs 4 l/h répartis régulièrement sur une canalisation Ø 13x16. Deux voies ont une longueur de 80 m ; la troisième, de 80 m également, est précédée d'un tronçon de 30 m. La tête de réseau sera située à une altitude de 30 mètres au dessus de la pompe de surface, celle-ci puise l'eau en rivière à 1 m en contrebas.
On souhaiterait utiliser une canalisation principale existante en PE 16b Ø 40 d'une longueur totale de 50 ML, et les goutteurs fonctionnent correctement avec une pression entre 1.5 et 3.0 bars.

1. Chaque voie demande 80 x 4 / 1000 = 0.32 m³/h
Les pertes de charge sont proportionnelles, dans un Ø donné, au carré du débit.
En irrigation, le débit n'est pas constant (il diminue en allant vers la fin de la voie au fur et à mesure des goutteurs).

2. On cherche à connaître la pression (Po en bars) en tête de la branche. Cette pression sera égale à la pression de service du dernier goutteur augmentée des pertes de charges sur toute la longueur. On vérifiera ensuite que la pression en tête n'est pas trop forte pour le premier goutteur.
Pour une canalisation de Ø 13x16, la perte de charge linéique pour 1 m³/h est d'environ 0.23 bar/ML (nous appellerons Z cette valeur propre à la canalisation).
On appellera Qo le débit nécessaire (en m³/h) par mètre linéaire, ici 1 goutteur par mètre, soit 4l/h/m soit Qo = 0.004 m³/h/m.
Le calcul (intégrale sur la longueur) est un peu compliqué pour être développé ici, et on négligera (dans un premier temps) les pertes dues aux raccords. On obtient une bonne approximation de la perte P(bars) sur la longueur totale L avec :
P = Z / 3 x Qo x Qo x L x L x L (Z/3 fois débit linéique au carré fois longueur au cube)
Ici, pour les deux premières voies du réseau :
P = 0.23 / 3 x 0.004 x 0.004 x 80 x 80 x 80 = 0.63 bar de pertes sur les 80 m.
On majorera cette perte minimale à 0.8 ou 1 bar pour tenir compte des raccords et de l'encrassement éventuel des canalisations au cours du temps.
Souhaitant avoir 1.5 bar sur le dernier goutteur, la pression en tête doit être de 2.3 à 2.5 bar selon la majoration des pertes, ce qui est inférieur aux 3 bars maxi pour les goutteurs en tête de réseau.

Pour la troisième voie, une perte de charge supplémentaire est créée par le tronçon de 30 m avec un débit de 0.32 m³/h. Cette perte nous oblige à augmenter d'autant la pression en tête de réseau pour toutes les voies. Pour ne pas dépasser les 3 bars maxi tolérables par les goutteurs, il faut perdre moins de 3 - 2.5 = 0.5 bar sur les 30 mètres de long. Si on prend 0.3 bar, on arrive avec une perte de 0.1 bar pour 10 ML avec ce débit de 0.32 m³/h.
Nous avons vu que le PE Ø 13x16 entraîne une perte de 0.23 b/m à 1 m³/h. Les pertes étant proportionnelles au carré du débit, on aura 0.23 x 0.32 x 0.32 = 0.024 b/m à 0.32 m³/h, soit 0.024 x 30 = 0.72 bar pour 30 ML. Ce diamètre ne nous convient pas, il faut prendre plus gros.
Perdre 0.1 bar pour 10 ML à 0.32 m³/h revient à perdre 0.1/0.32/0.32 = 1 bar/10ML à 1 m³/h, ce qui amène à un diamètre mini intérieur de 15 mm.

3. Pression de tête de réseau : la plus forte des trois pressions, soit le tronçon le plus long : 2.5 + 0.3 = 2.8 bar


Voir aussi :
Calcul en ligne des pompes de surface et immergées

 4. Reprise du calcul des branches :
Branche la plus longue : 2.8 bars - 0.3 bar dans tronçon de 30 ML, restent 2.5 bars en tête de la partie irrigation et 2.5 - 0.8 = 1.7 bar maxi au dernier goutteur.
Autres branches : 2.8 bars en tête, et 2.8 - 0.8 = 2 bars au dernier goutteurs.
Tous les goutteurs auront entre 1.7 bar et 2.5 bars.
En prenant 3 bars en tête du réseau, on aurait entre 2.0 et 2.8 bars sur les goutteurs.
La pression risquant de baisser dans le temps en fonction de l'encrassement des canalisations, nous retiendrons cette valeur de Po = 3.0 bars.

5. Canalisation principale :
Débit total = 3 x 0.32 = environ 1 m³/h.
Pertes dans la canalisation de Ø 40 (Ø int = 31 mm) : 0.025 bar/10ML à 1 m³/h
Pour les 50 ML : 0.025 x 50 = 1.25 bar
Pression nécessaire au dénivelé : 1 bar tous les 10 m, soit 3 bars.
Pression totale en sortie de pompe : Pp = Po + pertes + dénivelé
Pp = 3.0 + 1.25 + 3.0 = 7.25 bars

La pompe devant puiser à 1 m en contrebas, nous devons ajouter 0.1 bar, et la pompe devra être auto-amorçante.
Nous devons choisir une pompe qui puisse fournir 1 m³/h sous 7.2 à 7.3 bars.

On voit que le choix de la pompe est assez pointu, c'est à dire que nous sommes ici très exigeants sur la précision de la pression. Dans la pratique, nous choisirons une pompe fournissant plus de pression (8 bars par exemple), et nous placerons une vanne d'ajustement et un manomètre en tête de réseau qui nous permettront d'assurer un réglage.
On peut avantageusement utiliser des régulateurs de pression qui donnent plus de souplesse dans la distribution de l'eau dans le réseau, l'objet de cette page est de se familiariser avec les règles de base de l'hydraulique pour l'arrosage et l'irrigation et nous avons choisi de ne pas utiliser de régulateurs.
 

Aide-mémoire :
 

 

10 m de dénivelé (hmt) = pression de 1 bar

 

Une canalisation de Ø intérieur 15 mm entraîne une perte de 1 bar / 10ML à 1 m³/h

 

Pertes sur ligne d'irrigation :
- estimer Z = perte / ML pour 1 m³/h,
- estimer le débit Qo des goutteurs par ML,
- pertes totales (bars) = Z/3 x Qo² x L³ (L = longueur)

Pertes de charges proportionnelles au carré du débit, donc si débit multiplié par 2, pertes multipliées par 2 x 2 = 4.

 

Pour un débit donné, pertes de charge inversement proportionnelles à la puissance 5 du diamètre ! Donc, par rapport au point 2 ci-dessus, si diamètre = 13.5 mm (soit 90% du Ø 15, les pertes pour 10 ML et 1 m³/h sont 1/(0.9x0.9x0.9x0.9x0.9) = 1.7 bar.


Merci de nous consulter (
email) pour : pompes de surface, pompes multi-cellulaires, pompes immergées, groupes de surpression, coffrets électriques & protection, accessoires
Marques : Calpeda, Grundfos, Guinard, ITT-Lowara, Jetly, KSB, Leroy-Somer, Salmson

 

Liens utiles :

L'eau et le sol - Evapo-transpiration (J Beauchamp)
Liste des chambres d'agriculture régionales et départementales (pdf 103 ko)
Matériel d'irrigation  Madref/Derd Juin 2001   (pdf 960 ko)
Normes pour l'irrigation FAO  

Ces données sont fournies à titre indicatif et n'engagent en aucun cas la responsabilité de Piscine et Loisirs.



 

Plan du site